"DAKART", pour sa cinquième édition, entend sinscrire de façon plus significative encore dans le paysage culturel non seulement sénégalais, non seulement africain, mais tout simplement international, de manière à assigner à lart africain contemporain la place qui doit être la sienne dans le concert des nations.
Ainsi, le Conseil Scientifique a jugé plus opportun de partir de lexistant pour envisager les améliorations à apporter afin de donner à cette manifestation tout léclat quelle mérite.
Aussi, la structure globale des manifestations, la composition du Comité de Sélection et les prix attribués par le Jury ne connaîtront pas de changement.
Plus innovatrice est la décision de prolonger la durée des différentes expositions sur une période dun mois, afin de permettre à un plus grand nombre de personnes de les visiter.
Cependant, pour dévidentes raisons de mobilisation des personnes-ressource, linauguration officielle de la Biennale, en ses diverses composantes, ainsi que certaines manifestations, connaîtront leur temps fort au cours de la semaine du 5 au 12 mai 2000.
Deux axes majeurs ont dirigé la réflexion et permis daboutir aux différents choix : louverture et la professionnalisation.
Louverture, car il nest pas concevable, à lheure de la mondialisation des échanges, denfermer la Biennale de lArt africain contemporain dans un carcan.
Pour autant, la vocation de promotion de lart africain contemporain de la Biennale de Dakar na pas été oubliée, et les choix opérés par le Conseil scientifique sont le reflet des concessions réciproques quil a fallu accepter.
Concessions, dune part, à cette vocation à luniversel qui est notre credo à laube dun nouveau millénaire.
Concessions, dautre part, à cette irruption que nous voulons de plus en plus éclatante de lart africain contemporain tout à la fois dans les limites géographiques de notre continent, où il reste largement à découvrir et à faire découvrir, et partout au-delà de notre continent où lart a vocation à sexprimer.
Injustement méconnu en Afrique même, lart contemporain, sil peut parfois déconcerter, nen est pas moins lisible pour toute personne qui veut bien se donner la peine daller au-delà des apparences pour entrer dans un nud déchanges complexes où le dit, et surtout le non-dit, senchevêtrent pour mieux exprimer nos passions et nos angoisses, nos enthousiasmes et nos craintes, nos terreurs et nos éclats de rire, en cette période de mutation de notre univers.
A nen pas douter, lart contemporain africain ne peut manquer de lisibilité pour ceux qui, de temps immémorial, ont toujours su tutoyer les esprits et vibrer en harmonie avec la transcendance.
La Biennale de lArt africain contemporain refuse lenfermement, lenfermement dans nos frontières géographiques qui signifient si peu de choses, lenfermement élitiste, car lart se veut à la portée de tous ; il se veut vecteur et convergence, dialogue et leçon, apprentissage et réflexion, et n'est donc lapanage daucune classe et daucune race.
Plus modestement, cest aussi cette ouverture qui a guidé le choix des espaces où se dérouleront nos rencontres ; ces sites seront plus "éclatés" à travers la ville, afin que chacun y participe, car plus que jamais nous voulons que lart soit accessible à tous et ne passe plus pour un loisir desthètes nantis.
Il est certain que les sites proposés ne sont pas "définitivement" arrêtés. Certaines contraintes liées à la "matière", elle-même, à exposer pourront mener à une révision de la répartition géographique des expositions, certains sites de qualité attendent encore lexposition qui leur siérait, mais les grandes tendances sont tracées.
Il sera fait en sorte que toutes les institutions publiques ou privées de la place qui disposent dun espace dexposition (hall dentrée de sociétés, salles de restaurant, etc.) organisent des manifestations dites "denvironnement " qui permettront de faire de notre ville de Dakar, pendant un mois, une ville où " lart se rencontre à tous les coins de rue " !
Pour ce qui est de la professionnalisation, il sagit de la retrouver dans toutes les étapes de cette manifestation, tant au niveau de son organisation que de la qualité technique des exposants et des expositions.
Ainsi, sauf pour les manifestations denvironnement qui seront laissées à la discrétion de leurs organisateurs, tous les exposants, à tous les niveaux, feront lobjet dune sélection qui permette que ne soient offertes à lappréciation du public que des uvres techniquement dignes dêtre montrées.
Ce souci de professionnalisation se retrouve également dans le parti pris délibéré de voir organiser certaines expositions au Village des Arts, récemment inauguré, afin de mieux faire découvrir ce site où vivent et travaillent une cinquantaine dartistes sénégalais parmi les plus talentueux.
De même, une attention toute particulière et réservée à lorganisation du Marché des Arts plastiques en Afrique (MAPA), et non plus Marché des Arts plastiques africains, à la fois pour offrir les conditions optimales dexposition et de mise en valeur des uvres proposées à lappréciation des amateurs, et pour permettre que cette manifestation centralise les influences du monde entier, comme un bouquet aux mille couleurs et mille saveurs offertes à la délectation de tous.
Il est souhaité quil soit recouru de plus en plus à des "professionnels" de lexposition duvres dart, galeriste, courtiers et marchands, venus de tous les horizons pour à la fois montrer et découvrir, et le MAPA est le lieu où pourra sexprimer sans fausse honte cette dimension primordiale de lart contemporain dans le monde quest la valorisation, au sens mercantile du terme, de la production artistique.
Si le traditionnel "Salon de lEducation Artistique" est la manifestation qui a fait lobjet du remaniement le plus profond jusque dans sa conception, par rapport aux éditions antérieures, cest précisément parce quà une image statique de ce qui ne peut être quart en mouvement, art en création, art "en train de se faire", il a été préféré d'offrir un panorama allant des élèves de lenseignement général sintéressant aux Arts Plastiques à ceux qui, issus ou non de lEcole Nationale des Beaux-Arts de Dakar, ont décidé de consacrer leur carrière à lexpression artistique des états de leurs âmes.
Cest cette dynamique de "changement dans la continuité", qui a été retenue, afin dancrer la Biennale de Dakar dans ses particularismes, lui donner une identité marquée et lui permettre daborder le troisième millénaire en toute sérénité.