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Vernissage de Bickle , Dolo et Ntakiciya
Des œuvres qui dialoguent
En réunissant dans un même vernissage
à l’IFAN la
photographe zimbabwéenne Berry Bikle ,le sculpteur et
dessinateur malien Amahiguere
Dolo et le vidéaste burundais Aimé Ntakiyica, l’objectif
de Ngoné Fall n’était pas de trouver des points communs,
des passerelles entre ces 3 artistes
mais bien de « confronter plusieurs sensibilités
car les exposants ont des univers différents »
En mélangeant ainsi plusieurs médiums
,en proposant aussi plusieurs moyens d’expression (photo
,sculpture, dessin et vidéo ) il y a comme un dialogue des œuvres
les unes avec les autres qui s’instaure. Entre, par exemple,
d’un côté, la série de photographies digitales collées
sur des panneaux en aluminium que Berry Bickle a saturé et
qui évoquent les rues et l’anonymat des grandes villes
africaines ; de l’autre côté et en face, les
sculptures sur bois ou les dessins sur papier gras de Dolo, un
dogon de Sangha au Mali , interdit de sculpture dans sa région
parce que de la lignée des agriculteurs et non des forgerons.
« Je me suis donc exilé à Ségou pour m’adonner à
mon métier et ma passion »
dit-il entre
deux prises de photo ou des explications fournies sur ses réalisations
telle la pulpe d’une graine de mil ( « le premier des
huit graines principales chez nous », le parole du mil (you
so ), le chien chasseur (idji danené) , sa proie bien
immobilisée dans la gueule .
Burundais basé à Bruxelles, Aimé
Ntakiyica , lui, fait dans le vidéo
voyeurisme .«On est tous un peu voyeur, vous savez »,
se justifie-t-il, assis à même le sol dans ce qu’il appelle son salon
et d’où, à travers une vitre transparente de
l’intérieur mais opaque de l’extérieur , il reçoit et
commente ses deux vidéos ; dont un autoportrait
où il se revoit dans le ventre de sa mère à travers
une échographie qui montre , on le sait, plus des formes ,
des soupçons d’images qu’une véritable photographie de
l’existant .
« Vous êtes donc aussi flou ? »
osons-nous .« Comme tout le monde, je ne suis pas si net
que ça , je suis insaisissable. » Alors , sa caméra
est tellement proche de son objectif qu’elle ne peut
pas faire le point ; l’image fait des va-et-vient , de
sorte qu’on ne peut pas la saisir , la capter,
l’apprivoiser Bickle,
Dolo, Ntakiciya, trois artistes à l’histoire différente,
à la sensibilité différente, au parcours différent mais
dont les œuvres ont
ceci de commun qu’elles dégagent une certaine spiritualité
presque ineffable . Et tout le mérite en revient à la
commissaire Ngone Fall d’avoir pu et su instaurer cette
harmonie des contraires.
Ousséni
ILBOUDO
(Burkina Faso)
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