APPEL A IDEES – URBI

dans le cadre de la préparation de XIII biennale de l’art africain contemporain prévue du 03 mai au 02 juin 2018, un appel à idées est lancé auprès du grand public pour participer au programme « urbi ».

les projets sélectionnés seront réunis dans une programmation destinee à mettre en lumière la ville de dakar durant cette manifestation artistique internationale, notamment afin :

  • d’élargir son rayonnement au plus grand nombre et de consolider son appropriation par les habitants de dakar
  • de décloisonner les espaces traditionnellement dédiés à l’art contemporains en invitant les publics à d’autres formes d’expérience artistique
  • de créer un élément de communication autour de la biennale, auprès des professionnels, des amateurs et du grand public.

 

admissibilité

l’appel à idée est ouvert :

  • au grand public, professionnel ou amateur
  • a toute personne morale ou physique, sans limite d’age, de profession, de nationalité etc.
  • a toute proposition individuelle ou collective.

critères de sélection

le comité de sélection évaluera les propositions en fonction des critères suivants :

  • ancrage dans l’espace public de dakar
  • capacité à toucher des publics généralement tenus à l’écart de l’art contemporain
  • originalité et pertinence du propos et du format

 

modalités de participation

les candidats sont invités à envoyer une description du projet / de l’idée proposé(e) à l’adresse suivante : info@biennaledakar.org/2018

incluant obligatoirement :

  • un texte de présentation (1000 mots max.)

et éventuellement :

  • une ou plusieurs images
  • lien vers site web, blog, etc.
  • une courte biographie ou un cv

les propositions doivent être envoyées par e-mail uniquement avant le 28 FEVRIER 2018. les projets sélectionnés seront présentés dans le catalogue du in de la biennale. ils bénéficieront d’un appui technique et/ou financier et seront promus sur différents supports dans le cadre de la stratégie de communication du programme urbi.

urbi : dans la ville

Les capitales du monde ont ceci en commun qu’elles n’appartiennent vraiment à personne : elles constituent des zones franches : des xenopoleis. Historiquement, elles ont toujours été les lieux dans lesquels la nation se retrouvait, venue de toutes les provinces. Les habitudes héritées du « pays » étaient transposées dans ce no man’s land où chacun, tant bien que mal, essayaient de se fabriquer des repères. La ville est polysémique: «la ville est une écriture: celui qui se déplace dans la ville, c’est-à-dire l’usager de la vile (ce que nous sommes tous), est une sorte de lecteur qui, selon ses obligations et ses déplacements, prélève des fragments de l’énoncé pour les actualiser en secret. » Roland Barthes

Nous allons essayer de suivre celui qui se déplace dans la ville, entrer dans sa peau et révéler un Dakar qui n’est pas toujours visible à l’étranger ou même à l’habitant d’un quartier différent. A l’image de feu Issa Samb, nous allons installer des marqueurs, des déviations, et une nouvelle cartographie qui s’élaborera avec le concours des habitants de Dakar. En activant la notion développée par Jacques Rancière de «partage du sensible», nous allons nous employer à « traverser les frontières qui définissent les identités », et voir « comment dans un espace donné, on organise la perception de son monde, on relie une expérience sensible à des modes d’interprétation intelligibles. » (Jacques Rancière, et tant pis pour les gens fatigués, entretiens, éditions Amsterdam, 2009.)

La ville est un lieu neutre dans lequel chacun doit renégocier les termes de son identité car, comme le dit Roland Barthes : « la cité est un discours, et ce discours est véritablement un langage. » la charge symbolique des bâtiments, la division sociale sous-tendue dans le projet urbanistique du colonisateur se trouve soudain bouleversée par la réappropriation des populations autochtones. Plus une société est structurée, plus son espace public sera « maîtrisé », l’état disposant à la fois des moyens de contrôle et de mise en œuvre. Dans les sociétés où la mainmise technocratique est moindre, le peuple dispose d’un espace d’expression plus large puisqu’il vient combler, de fait, les vides structurels.

La place de l’art, dans ces espaces hybrides, devrait être capitale, puisque l’artiste, en tant que citoyen, serait capable de représenter, d’une manière personnelle et sans médiation, les humeurs du peuple. En Afrique, la production artistique se trouve nécessairement en résonance avec les préoccupations du peuple. Un marché, un quartier, la cour d’une maison, deviennent ainsi les lieux où se fabrique cette esthétique particulière, car il s’agit bien d’esthétique, que l’on ne s’y trompe pas, mais une esthétique du peu, une esthétique du rien qui ne se traduit pas en monuments ou en instruments concrets mais dans une immatérialité apparente dont l’Afrique a le secret.

une programmation est conçue pour tisser un réseau à travers la ville, et investir des lieux populaires qui jusque-là avaient été laissés en jachère. la corniche, le marché, la place de l’indépendance dont la façade de l’hôtel pourrait être revisitée par des artistes grapheurs et bien d’autres lieux seront investis pour donner à chaque dakarois et au-delà, à chaque sénégalais de participer, chacun à sa mesure, à cette célébration de la créativité africaine.