«L’Heure Rouge» a sonné pour le Rwanda…

La créativité artistique contemporaine du Rwanda sera en lumière à la 13ème Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art 2018).

Avec la Tunisie, le Pays des Mille collines est invité d’honneur à la 13ème Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art) sous le thème «L’Heure Rouge» en référence à l’Emancipation, Liberté et Responsabilité.

Dans son propos aux allures de mise en contexte, le Commissaire à l’exposition du Rwanda, André Ntagwabira rappelle que le pays «indépendant» a hérité beaucoup de difficultés politiques, économiques, sociales et culturelles du colonialisme; mais le divisionnisme à caractère ethnique fut catastrophique. « Depuis l’époque contemporaine, le pouvoir a été laissé aux collaborateurs de la colonisation moribonde, où les vrais nationalistes devaient se soumettre ou périr », explique-t-il soulignant que ceux qui ne sont pas morts ou refugiés sont devenus des otages de ce système néocolonial.

« Le pire est venu en 1994, une année obscure pendant laquelle plus d’un million des Tutsi sont péris en trois mois. Le Rwanda devint un Etat failli, une nation oubliée, une humanité oubliée », évoque A. Ntagwabira.

Le chercheur en archéologie à l’Institut des Musées Nationaux du Rwanda (INMR) souligne qu’au lendemain de ce Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, les filles et les fils de ce pays se sont levés assoiffés d’une paix durable et un leadership clairvoyant et déterminé à rebâtir la nation. « Ils ont creusé au fond de leur culture et trouvèrent un modèle national répondant aux problèmes actuels. Voilà que, ensemble, ils ont entrepris un projet de construire un pays sans vengeance ni mélancolie, pays d’unité sans haine, pays d’espoir », estime l’universitaire. En d’autres mots, avance le Commissaire à l’exposition, le Rwanda est redevenu un peuple pour qui « L’Heure Rouge » a sonné. Il marche.

Force et vision

Cependant le chemin est encore long ; tempère André Ntagwabira pour qui bien que le Rwanda s’est émancipé du néocolonialisme, et libre dans la prise de ses décisions, un autre front a été engagé et doit être vaincu. C’est le combat économique. Au regard du chercheur en archéologie, le Rwanda partage ce combat avec d’autres pays africains, peuple noir avec lequel il veut et doit tisser les liens d’une amitié qui défie le temps.

Pour lui, à travers leurs œuvres d’art contemporain, les artistes Rwandais savent raconter cette histoire, ce voyage caractérisé de hauts et des bas, traduire et exprimer parfaitement la passion, la douleur, la joie, l’amour, la force, et la vision du monde de leur « Pays des mille collines ». Une petite sélection réservée pour Dak’Art 2018 n’est que cette expression. La sélection Rwandaise porte sur la peinture (20 tableaux de l’artiste Bernard Birasa), la sculpture (13 oeuvres à trois dimensions d’Albert Munyemana), le cinéma (le cinéaste Trésor Senga va projeter 31 films) et la mode (la maison Rupari Agency Ltd va exposer les habits de sa marque Rupari design).

« Le Rwanda a une blessure de son passé récent malheureusement marqué par le Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 », rappelle le Commissaire à l’exposition. Pour lui, la compréhension de cette tragédie aide à bien remarquer le pas réalisé par les Rwandais 24 ans après, bien que le chemin soit encore long. De ce fait, les images des quatre sites mémoriaux qui ont été proposés pour inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO seront projetées.

Malgré son passé sombre, le Rwanda actuel est un peuple à bras ouverts, une destination à tous ceux qui veulent découvrir l’une des biodiversités rares du continent, si non unique du monde entier. Ainsi, Rwanda Development Board (RDB) sera présent avec son package « Remarkable Rwanda ».