Patrick Bernier et Olive Martin se sont rencontrés à l’École des beaux-arts de Paris en 1999. En expérimentant différentes formes – films, performances, photographies, pièces sonores – au gré de projets souvent réalisés en collaboration avec des professionnels d’autres champs: les avocats Sébastien Canevet et Sylvia Preuss-Laussinotte pour X. et Y. c/ Préfet de… ; Plaidoirie pour une jurisprudence (créé aux Laboratoires d’Aubervilliers en 2007) ; les conteurs Carlos Ouedraougo pour Quelques K de mémoire vive (2003-2005) et Myriame El Yamani pour Bienvenue chez nous, Album de résidence (Montréal, 2005) ; le vendeur aux enchères Steve Bowerman pour Traceroute Chant, San Francisco-Paris (Fondation Kadist, 2010) ; et le tisserand Ousmane Ka à Dakar pour Wilwildu (Centre d’art Grand Café, Saint-Nazaire, 2016) et Le rêve du Paquebot (2019). Ils créent ainsi des œuvres où se perçoivent les déplacements consentis par les uns et les autres pour bousculer leurs propres langues et formes. Ce questionnement de la relation de l’individu à un territoire qui lui serait propre, terre, pays ou activité professionnelle, est également au centre de leurs deux films, Manmuswak (Nantes, 2005) et La Nouvelle Kahnawake (Québec, 2010). En 2012, ils élaborent L’Échiqueté (présenté à la Biennale de Venise en 2015), oeuvre jeu, variante des échecs, où peut se lire la situation paradoxale du métis dans l’histoire coloniale comme celle, ambiguë, de l’artiste politiquement engagé dans le champ de l’art contemporain. Abordant le tissage en autodidactes pour la réalisation de leurs échiquiers, ils persévèrent depuis dans leur apprentissage et dans leur intérêt pour ces techniques qui condensent une histoire à la croisée des technologies, des échanges culturels et des luttes sociales.

 

Patrick Bernier and Olive Martin met at the École de beaux-arts de Paris in 1999. They experiment with different forms – film, performance, photography, sound pieces – according to specific projects carried out in collaboration with professionals from other disciplines: the lawyers Sébastien Canevet and Sylvia Preuss-Laussinotte for X. et Y. c/ Préfet de…; Plaidoirie pour une jurisprudence (created at the Laboratoires d’Aubervilliers in 2007); the storytellers Carlos Ouedraougo for Quelques K de mémoire vive (2003-2005) and Myriame El Yamani for Bienvenue chez nous, Album de résidence (Montreal, 2005); the auctioneer Steve Bowerman for Traceroute Chant, San Franciso-Paris (Fondation Kadist, 2010); and the weaver Ousmane Ka in Dakar for Wilwildu (Grand Café art center, Saint-Nazaire, 2016) and Le rêve du Paquebot (2019). They thus create artworks that make visible the – consensual – displacements made by their collaborators and which disrupt their own languages and forms. At the heart of their two films Manmuswak (Nantes, 2005) et La Nouvelle Kahnawake (Quebec, 2010) is also a questioning of the relationship between the individual and the territory the individual supposedly belongs to; a planet, a country or a professional activity. In 2012, they developed L’Échiqueté (presented at the Venice Biennale in 2015), a play-work, a variant of chess, where one can read the paradoxical situation of those of mixed-heritage in the history of colonialism much in the same way as the ambiguous position of the politically engaged artist in the field of contemporary art. Having started to teach themselves weaving for the production of their chess boards, they continue to persevere in their learning of and interest in these techniques which condense a history at the meeting point of technologies, cultural exchanges and fights for social justice.