Monsieur le Président du Comité d’Orientation de la quinzième édition de la Biennale de l’Art africain contemporain,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants du Corps diplomatique,
Monsieur le Président du Comité d’orientation de la quinzième édition de la Biennale,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité d’orientation de la quinzième édition de la Biennale,
Madame le Secrétaire général de la Biennale de l’Art africain contemporain,
Mesdames et Messieurs les Directeurs et chefs de services du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique,
Madame la Directrice Artistique de la biennale 2024,
Mesdames et Messieurs les commissaires,
Mesdames et Messieurs les membres de la communauté artistique et culturelle,
Mesdames, Messieurs les Partenaires de la Biennale,
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Mesdames, Messieurs, chers invités,
Ce n’est pas sans un certain sentiment de fierté doublé d’un agréable devoir à accomplir que je procède aujourd’hui au lancement officiel de la 15e édition de la Biennale de l’Art africain contemporain, prévue du 16 mai au 16 juin 2024 à Dakar.
La Biennale est devenue, depuis trente-trois ans, un rendez-vous incontournable pour les créateurs contemporains qui se donnent pour dessein de ré-enchanter le monde, quand il semble dominé par le pessimisme et les malheurs ; de lui donner un sens – une signification voire une direction – lorsque, soumis à toutes sortes de soubresauts, il semble avoir sombré dans une déviance collective et victime de désorientation spatiale. Elle lui permet de rêver son futur, quand toutes les voies de l’utopie régénératrice semblent vouées à l’aporie.
Au-delà d’une manifestation internationale qui expose et révèle la créativité de nos meilleurs artistes, confirmés comme débutants, la Biennale est donc une occasion nécessaire pour s’interroger sur le destin du monde, sur le sort de l’humanité et pour apporter les meilleures solutions aux problèmes qui entravent le bonheur collectif. Et qui, mieux que les artistes peut endosser ce rôle, assumer cette mission essentielle?
Les artistes, les créateurs sont, en effet par essence, des visionnaires, toujours attentifs à leur environnement, aux mutations de leur société.
Ils sont les messagers de cette aube créative, explorant des horizons nouveaux, défiant les conventions et éveillant notre conscience sur les enjeux sociétaux. Leurs créations sont des invitations à la contemplation, des fenêtres ouvertes sur des mondes inexplorés, des échos de voix singulières qui résonnent dans l’âme de ceux qui les contemplent.
Mais, les artistes n’abordent pas ces mutations sociales, ni ces enjeux sociétaux avec les certitudes d’un savoir dogmatique, ni l’aveuglement de celui qui a la conviction qu’il détient seul la vérité. L’artiste, le véritable, entretient toujours la disponibilité au dialogue et à l’échange comme une philosophie de pensée et d’action ; en ce sens, il est engagé à jeter des ponts, à créer des passerelles entre les arts, les cultures, les créateurs, les peuples.
C’est en ce sens qu’il convient de saluer le thème de la quinzième édition « The Wake », l’éveil, le sillage, avec lequel la Biennale se donne pour mission de relier le passé au présent, tout en interrogeant le futur.
L’éveil, c’est ce moment où la lumière de l’inspiration perce l’obscurité de la routine, où la créativité germe et s’épanouit. Au fil des œuvres qui seront présentées au cours de cette Biennale, nous serons témoins de visions qui transcendent le quotidien, suscitant des émotions, stimulant la pensée et élargissant notre perception du monde qui nous entoure.
De plus, au-delà d’un simple exercice intellectuel, il s’agit surtout, dans un monde, où les questions environnementales deviennent si prégnantes qu’elles engagent la survie de l’humanité, de s’interroger sur la valeur de notre être-au-monde, sur ce que les richesses substantielles du passé en termes de cultures, de valeurs, de visions, permettent de conjurer les peurs, pour rêver un futur où l’action collective du présent assurera la viabilité pour l’humanité en général, pour les plus vulnérables en particulier.
Oui, en ces temps où le monde a besoin plus que jamais d’éveil, d’inspiration et de connexion, cette Biennale devrait s’offrir comme une plateforme pour un dialogue profond entre les artistes et le public, pour éveiller en chacun de nous un sentiment de compréhension partagée, encourageant la créativité à transcender les barrières et à forger des liens qui perdureront bien au-delà de cet événement.
La Biennale, cet événement culturel majeur, a atteint des standards appréciables en matière de management et d’organisation. Nous devons, toutefois, demeurer attentifs à ce que ces standards de qualité soient améliorés pour épouser l’évolution de telles manifestations au niveau international. C’est la meilleure garantie de sa pérennité au-delà des hommes qui passent.
Il y a quelques dix jours, à l’occasion du Panel de haut niveau sur la culture et le climat, auquel le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique a pris pris part à Dubaï, en marge de la COP 28, il rappelait, fort opportunément, à la suite du Chef de l’Etat, le rôle éminent que peuvent jouer la culture et les artistes face aux urgences et mobiliser les citoyens du monde autour des questions liées aux changements climatiques et leurs corollaires.
Je suis heureux que ce soit au Sénégal, et à Dakar, porte d’entrée de l’Afrique des symbioses et pont vers le reste du monde, que va se jouer de nouveau, la mobilisation des créateurs et des intellectuels sur ces problèmes majeurs.
Mesdames et Messieurs,
Les Etats-Unis d’Amérique ont accepté d’être le pays invité d’honneur de la prochaine édition de la Biennale. Ce grand pays multiculturel apportera à la Biennale, nous n’en doutons point, la diversité et la richesse de la créativité d’un pays dynamique qui sera en dialogue avec les créateurs venus de tous les horizons. Nous nous réjouissons, par avance, des pas importants que cet événement permettra de faire faire à la qualité de la coopération culturelle entre le Sénégal et les Etats-Unis.
Mesdames et Messieurs,
La Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar ajoute, d’année en année, une étoile de plus dans le firmament de son rayonnement, dans l’univers des manifestations culturelles internationales.
Cette évolution et ce renforcement permanent dans la qualité, elle le doit d’abord à la contribution exceptionnelle de l’Etat du Sénégal qui veille sur ce bijou, aux côtés de partenaires institutionnels et privés qui partagent les mêmes vues sur la nécessité, pour nos pays, de faire de la culture un vecteur de développement économique et social.
A ce propos, j’ai plaisir à relever un projet comme la galerie 19M qui relie la Maison Chanel à des institutions culturelles nationales, toutes engagées dans des échanges, des formations dans les métiers d’art au bénéfice notamment de nos artistes et de nos artisans d’art. Un tel projet est, en quelque sorte, un produit de la Biennale dont il constitue une mise en pratique des options, en matière de mise en cohérence de la créativité, de la formation et du marché. Ce type de coopération à hauteur d’hommes est aussi une des voies de l’avenir.
Je tiens donc à rendre hommage à tous ceux qui croient à la Biennale et qui l’accompagnent sans discontinuer depuis de nombreuses années.
Le Sénégal, sous le magistère de Son Excellence le Président Macky Sall, donne une importance particulière à la culture, à l’art et aux artistes. Permettez-moi juste, au-delà de la Biennale dont j’ai rappelé l’apport de l’Etat, de mentionner, à titre d’illustration, des actions remarquables comme :
- la création et le renforcement substantiel du Fonds de développement des cultures urbaines, récemment muté en Fonds de développement des cultures urbaines et des industries créatives, avec le statut juridique d’un EPIC, et l’implication prévue des acteurs des cultures urbaines dans sa gouvernance,
- le relèvement du fonds d’aide à l’édition, du FOPICA, l’adoption de la loi sur le statut de l’artiste et des professionnels de la culture,
- la relance d’événements nationaux comme le FESNAC, dont nous organisons la prochaine édition, du 8 au 12 janvier 2024 à Fatick, en hommage au Président Macky Sall pour son soutien multiforme et sa bienveillante attention au monde de la culture et des arts,
- et une attention particulière accordée au patrimoine avec notamment la prise en compte du rôle éminent des chefferies traditionnelles, dans la gouvernance de notre société.
Le crédo de la politique culturelle nationale réside dans la préservation et la valorisation du patrimoine, le développement de l’économie de la culture afin qu’elle soit un facteur de développement et que les créateurs puissent vivre de leur art.
Quelques événements symboliques méritent d’être relevés, comme la remise, à titre exceptionnel et hors compétition, du Grand Prix du Président de la république pour les Lettres à deux de nos éminents créateurs qui ont enchanté la vie de tant d’Africains et de lecteurs du monde entier : je veux nommer Cheikh Hamidou Kane et Aminata Sow Fall.
Mesdames et Messieurs,
Je ne voudrais pas terminer sans féliciter et encourager le Président Moustapha Ndiaye et tous les membres du comité d’orientation pour l’important travail déjà accompli. J’associe à ces félicitations et encouragements la Secrétaire générale de la Biennale et toute son équipe, Mme Salimata Diop, Directrice artistique de cette 15e édition, dont je salue la qualité de défrichage du thème, et tous les commissaires d’expositions. Je n’oublie pas toutes ces personnes qui, souvent dans l’ombre et par passion, s’ingénient, jour après jour, à ce que la Biennale rencontre le succès.
Que donc, à l’occasion de cette 15e édition, Dakar renoue avec sa tradition d’espace de créativité et de réflexion sur les enjeux d’un monde en mutation perpétuelle, et dont les soubresauts du moment peuvent donner l’illusion que tout espoir est perdu ou que tout est voué à l’impasse. L’art, la créativité, le regard particulier des artistes sur le monde sont des motifs d’optimisme pour sa régénération.
Je vous invite donc à plonger dans cette expérience artistique, à vous laisser guider par l’énergie créative qui émane de chaque œuvre, de chaque coin de cette Biennale. Que ces moments d’éveil artistique soient le catalyseur d’une inspiration durable, propageant la magie de la créativité dans nos vies quotidiennes et celle d’un monde en perpétuel mouvement.
C’est sur ces mots d’espoir que je voudrais conclure en déclarant officiellement lancée la 15e édition de la Biennale de l’Art africain contemporain.
Je vous remercie de votre aimable attention et vous souhaite, à tous une Biennale mémorable, empreinte de découvertes artistiques et d’éveil spirituel.
Ancien palais de justice de Dakar
Cap Manuel le 18 décembre 2023