HOMMAGE A ANTA GERMAINE GAYE A L’ANCIEN PALAIS DE JUSTICE

       La Grande Dame de la peinture sous verre  

La 15e Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar rend un hommage bien mérité à Anta Germaine Gaye, une grande Dame, une « Linguère » des arts visuels sénégalais.

Dans un carré de l’Ancien Palais de justice où se tient l’exposition internationale de la 15e Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar, l’artiste Anta Germaine Gaye a son espace privilégié, ses appartements privés qui vous transportent dans le temps.

Entre le salon et une chambre richement décorée avec des meubles et objets des années 30-40, le décor est complété par les œuvres de l’artiste, peintures sous verre de diverses époques et autres tableaux occupent les murs. Une grande cour en extérieure avec quelques arbres fait partie de la scénographie qui expose tout un pan d’œuvres et de sculptures de l’artiste.

« Je suis dans la tolérance et le vivre ensemble »

Anta Germaine Gaye, c’est l’histoire de cette « princesse » née à Saint Louis, un jour de 1953, qui a grandi chez ses parents à Ndar (Saint Louis) puis à l’île de Gorée. Elle a poursuivi ses études à Dakar où elle fera, des années plus tard une licence en Lettres modernes à l’Université Cheikh Anta Diop avant de s’orienter, pour répondre à une passion pour les arts plastiques, vers l’Ecole Normale d’Education Artistique. C’était le point de départ d’une belle séquence de l’histoire des arts visuels au Sénégal, particulièrement la peinture dite « sous verre » ( Suwer ) .

Anta Germaine explique comment elle arrive à la peinture sous verre sénégalaise en voulant traiter de l’esthétique dans la coiffure des femmes sénégalaises de la belle époque des années 30-40. Cette plongée dans l’histoire et le passé par les photographies et les peintures sous verre d’époque lui fera découvrir un monde insoupçonné : « J’ai trouvé une plasticité supérieure à la peinture sous verre traditionnelle, au fur et à mesure que je travaillais… Le verre est un matériau beau, fragile, résistant et magique ».

L’idée du vitrail viendra s’imposer à l’artiste qui introduit, alors, le fer autour du verre. « Le verre a révélé ma nature audacieuse. Quand je travaille le verre, je n’ai pas beaucoup de préjugés, je suis dans la tolérance et le vivre ensemble », confie l’artiste.

   Une vie au service du beau et de la transmission

Professeur d’éducation artistique, Anta Germaine a mené en même temps une activité intense de création dans son atelier « fer et verre » où elle développe l’essentiel de son travail pictural, mais s’adonne aussi à la sculpture et fait des recherches sur divers matériaux.

Anta Germaine est restée une vrai « Ndar ndar » (Saint louisienne) cultivant l’élégance naturelle et la courtoisie emblématique de la tradition de cette région du nord Sénégal.   

Le grand public a redécouvert cette grande Dame, à l’occasion de l’ouverture de la 15e Biennale, lorsque le président Bassirou Diomaye Faye évoque Anta Germaine Gaye à travers son « sourire éclatant et sa bienveillance », mais surtout son « immense talent mis au service d’une technique picturale qui prend la réalité à rebours ». A l’instar du président de la République, le grand public, ses nombreux admirateurs et ses anciens élèves partagent le même souhait pour Anta Germaine Gaye : « une longue vie au service du Beau et de la mission de transmission du Savoir ».