Hommage à Abdoulaye Konaté, l’étoffe d’un maître 

Un maître. L’artiste visuel malien l’est sans conteste. La 14ème édition de la Biennale de Dakar rendra hommage à Abdoulaye Konaté, lauréat du Grand Prix 1996. 

Avec un regard qui fait sens, le critique et historien de l’art El Hadji Malick Ndiaye analyse l’œuvre d’Abdoulaye Konaté qui se singularise par l’utilisation du tissu comme matériau de prédilection rehaussé d’une picturalité réinventée.  

Du côté de la démarche qui guide son travail, observe Ndiaye, deux lignes de force traversent l’œuvre de Konaté : esthétique et sociopolitique. « D’une part, l’esthétique résulte d’un travail de la matière. La dextérité de l’artiste repose dans sa capacité à jouer du textile, en lui donnant des reliefs et des formes, avec une graduation des coloris qui suggère le mouvement rien que sur la base de la nuance des teintes », relève le Conservateur du Musée Théodore Monod de Dakar. Il pousse sa réflexion : « Ses compositions témoignent d’un subtil chromatisme dans l’agencement des morceaux de tissus et de la présence d’importants reliefs grâce à des objets intégrés. La régularité minimaliste des bandes discontinues introduit la formation de volumes et crée des effets optiques qui se déclinent parfois en une série d’abstractions ».  

Au point de vue sociopolitique, Observe E. Malick Ndiaye, le travail d’Abdoulaye Konaté est marqué par un profond humanisme qui réside dans sa capacité à nommer les relations culturelles, sociales et politiques. À ce niveau, note l’historien de l’art, le pouvoir d’évocation des titres qu’il donne à ses œuvres imprime une singularité à son travail, celui-ci devient une introspection de l’Histoire et de la Mémoire.  

Pour El Hadji Malick Ndiaye, les œuvres d’Abdoulaye Konaté sont des partitions de drame humain et d’inconscience collective qui évoquent les maux des hommes et leur difficulté à forger ensemble un destin commun.