Monsieur le Secrétaire général du Ministère de la Culture et du Patrimoine Historique, représentant le Professeur Aliou SOW Ministre de la Culture et du Patrimoine historique empêché,

Monsieur le Président du Comité d’orientation de la biennale de Dakar édition 2024,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants du Corps diplomatique;

Mesdames et Messieurs les membres du Comité d’orientation de la quinzième édition de la biennale, 

Mesdames et Messieurs les Directeurs et chefs de services du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, 

Madame la Directrice Artistique de la quinzième édition de la biennale de Dakar, 

Mesdames et Messieurs les Commissaires, 

Mesdames, Messieurs les Partenaires de la biennale, 

Mesdames et Messieurs les membres de la communauté artistique et culturelle, 

Mesdames, Messieurs les journalistes, 

Mesdames, Messieurs, chers invités,

Permettez-moi de vous souhaiter une cordiale bienvenue sur le site de l’Ancien Palais de Justice qui reçoit, aujourd’hui, la cérémonie officielle de lancement de la 15ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar communément appelée Dak’Art. L’édition 2024 se déroulera du 16 mai au 16 juin avec comme thème central « The Wake, L’éveil, le Sillage », sous la direction artistique de Madame Salimata Diop dont le parcours personnel et professionnel, confère une légitimité pour mener à bien cette mission. Salimata Diop est commissaire d’exposition, critique d’art, et compositrice.

Pour Dak’art 2024, elle lance avec délicatesse, l’invitation de la Biennale : celle d’un voyage à travers une Atlantide qu’auraient secrètement repeuplée les artistes. Sous sa direction, la thématique de la quinzième édition de la Biennale de Dakar s’inscrit dans une continuité, un courant qui embrasse un ensemble de temporalités : il s’agit de lier le passé et l’avenir en leur conférant une importance égale.

L’exposition internationale s’articulera, ainsi, autour de la thématique de cette édition en un parcours immersif, grâce à une scénographie intimiste, narrative, et grave. Entre installations multimédia -dont plusieurs installations sonores et interactives- et dispositif considérable de médiation – dont un guide audio pour parcourir la Biennale -, l’expérience des visiteurs sera guidée et approfondie par cette composante fondamentale du son et de la musique, trop souvent laissée de côté par le commissariat d’exposition et la critique dans l’exploration des courants de création d’Afrique et de la diaspora.

La scénographie, réalisée par Clémence Farrell et Khady Kassé sous la direction de l’équipe curatoriale, permettra une totale transformation de l’espace pour offrir une véritable expérience immersive et un voyage émotionnel mémorable aux visiteurs. Cinquante-huit (58) artistes d’Afrique et de la Diaspora ont été sélectionnés pour l’exposition internationale, à travers le Comité de Sélection et les invitations de la Directrice artistique, dont un artiste graffeur qui travaillera à une création sur les murs de l’Ancien Palais de Justice.

Une section Design sera sélectionnée et présentée dans l’espace Ndary Lo, au sein de l’Ancien Palais de Justice, sous le commissariat du designer Ousmane Mbaye. Il est heureux de se réjouir du retour du design dans la Biennale de Dakar. Aux côtés des autres véhicules plastiques comme la peinture, la sculpture, la photographie, l’installation, le design a fini de gagner en noblesse en alliant l’esthétique et la fonctionnalité. Le design en Afrique offre un paysage riche et diversifié, avec des influences culturelles uniques et une histoire fascinante. Avec le Commissaire Ousmane Mbaye, il est important de retracer ce parcours jusqu’à nos jours et d’examiner tous les savoir-faire existants, au-delà de l’artisanat, pour mettre en place des industries pérennes et des systèmes économiques vertueux qui bénéficieront à tous.

La croissance démographique du continent, et les enjeux socio-économiques qui en découlent, nécessitent une transformation de cet environnement créatif en une véritable industrie. La réflexion du designer lors de cette quinzième Biennale de Dakar 2024 devra donc se concentrer sur ce défi. Une grande partie de ce que nous consommons à grande échelle en Afrique est importé, ce qui crée une dépendance économique vis-à-vis d’autres pays.

Il est nécessaire de travailler à la mise en place d’industries pérennes sur notre Continent, en mettant l’accent sur la conception, la création et la valorisation de la matière. Le design joue un rôle essentiel dans ce processus, car il permet de repenser les modes de production, de promouvoir l’innovation et d’encourager l’utilisation d’intrants locaux.

A cet instant, je voudrais exprimer ma gratitude à l’endroit du Professeur Aliou Sow pour sa confiance. Dans cette dynamique, je ne puis m’empêcher d’adresser une mention spéciale à son Excellence le Président de la République Macky Sall, le Premier Protecteur des Arts pour son soutien constant. Aussi, le travail des membres du Comité d’Orientation, avec à leur tête le Président Me Moustapha Ndiaye, est à saluer à sa juste valeur. J’y associe ses prédécesseurs : Sylvain Sankalé, Gérard Sénac, Thérèse Turpin Diatta, Baïdy Agne, entre autres.

Cette année, je me réjouis de la présence du Ministre d’Etat Abdoulaye Diop dans le Comité d’Orientation. Il a accompagné la Biennale de Dakar avec une constante régularité. Que ce soit lorsqu’il était Ministre de l’Economie et des Finances ou comme un grand collectionneur. Soyez-en remercié, Monsieur le Ministre.

Portée par l’Etat du Sénégal, la Biennale reste incontestablement unique dans sa formule et dans son envergure avec des propositions esthétiques et choix artistiques de qualité, qui sont garants de son prestige et de sa renommée. Dans cette dynamique, on peut se féliciter de la présence régulière du Pavillon national du Sénégal. Dans son esprit, cet espace reflète le dynamisme et la pluralité de la création au niveau de nos différentes régions.

Cette année le Pavillon Sénégal sera dirigé par le Commissaire Abdoulaye Ndoye. Celui du Sénégal sera aux côtés des Pavillons du Cap Vert et des Etats-Unis. Ces pays seront invités à présenter une sélection de leur création nationale contemporaine. En lien avec le Secrétariat général et la direction artistique, ces expositions consolideront le rôle de plateforme internationale de la Biennale. Le projet curatorial d’Abdoulaye Ndoye est placé sous la thématique « Traces et sursaut ». La trace retient l’attention, en raison de sa charge sémantique. C’est une sorte de vestige laissé pour la postérité. Elle trouve la liberté d’exalter des valeurs connues, transposées.

Mesdames, Messieurs,

Chers invités,

Ce qui se donne à voir dans le domaine des arts plastiques au Sénégal, voire ailleurs, est une sédimentation plus ou moins assumée des traces laissées par ceux qui, à un moment, ont légué des formes transcendées, une lumière apprivoisée, une thématique multiforme, une esthétique nègre, une esthétique tout court. Car l’exploitation d’autres modes opératoires, la mise en place d’autres registres et surtout l’appréhension des mécanismes propres à baliser de nouveaux champs d’expression sont autant de possibilités offertes à l’artiste. La trace devient ainsi la voie pour gagner les futurs combats civilisationnels. Il est fondamental de construire son histoire, de s’affranchir de la pensée unique. Seul le sursaut est la voie du renouvellement créatif qui frigorifie les jeux de calculette et brise les plafonds de verre !

Cette effervescence créative trouve une résonnance singulière chez les amateurs d’art que l’on appelle familièrement Collectionneurs. Une exposition leur est dédiée dans le sillage de la Biennale 2024. Ce sera sous la conduite du Commissaire Kalidou Kassé. Cette exposition sur les œuvres des collectionneurs présente assurément de nombreux avantages. Avant tout, elle offre l’opportunité de mettre en valeur le patrimoine artistique du Sénégal et de promouvoir, dans le même mouvement, les talents locaux.

Il s’agira aussi de rendre hommage, d’une certaine façon, aux collectionneurs nationaux, pionniers dans ce domaine et de magnifier leur importante contribution à la visibilité sur la scène artistique nationale et internationale du talent des artistes plastiques du Sénégal. Il convient de rappeler ici le riche patrimoine de l’État du Sénégal. Sa collection privée d’œuvre d’art a plusieurs fois sillonné le monde non sans renforcer l’image de ce pays dans le concert des nations. Participe de cette illustration, la généreuse donation de la collection du très connu Iba Ndiaye à l’État du Sénégal. En outre, cette exposition peut favoriser une féconde synergie entre les amateurs et critiques d’art et les professionnels du secteur, au nombre desquels les journalistes spécialisés dans ce domaine. Il s’ajoute que, accompagnée d’un riche panel sur ce sujet, elle peut constituer une véritable source de stimulation du marché de l’art local en créant des opportunités d’investissement pour les collectionneurs.

Sur ce registre, le marché de l’art visuel contemporain africain qui connaît une croissance exponentielle, représente aujourd’hui une opportunité sociale, culturelle et économique importante pour l’Afrique et en particulier pour le Sénégal. Le Dak’Art, c’est également un espace de réflexion. Cette année, on ne va point déroger à la règle. Les Rencontres scientifiques et professionnelles se dérouleront, au Musée des Civilisations Noires et ici à l’ancien palais, sur plusieurs journées présentant chacune deux à trois panels suivies d’échanges avec le public. Ces panels seront présentés en français ou en anglais. Conceptualisés et structurés par l’équipe curatoriale, ils s’articulent autour de la thématique de la Biennale.

L’édition 2024 de la Biennale ouvrira dans son programme une large fenêtre à la réflexion sur le « Wake » de la jeunesse, son réveil car qui peut nier aujourd’hui que la jeunesse du monde entier de manière générale, africaine en particulier, traverse des moments de doute et même de désespoir. Un projet d’activités sur l’entreprise culturelle comme réponse à l’emploi jeune occupera une place de choix dans le programme de la Biennale. C’est donc le moment d’insuffler à nouveau à la jeunesse, la force de transcender les défis contemporains. C’est le moment d’apporter à la jeunesse, celle du secteur créatif en l’occurrence, qui n’aspire qu’à se réaliser, les idées nouvelles, une nouvelle culture et de nouvelles connaissances : la façon d’identifier, de comprendre et de gérer les aspects commerciaux de leur pratique pour tirer profit de leur talent, créer de la richesse pour eux, pour leur pays, et pour leur continent.

Plusieurs problématiques propres au secteur des arts seront abordées telles que le marché de l’art, la structuration des métiers, la formation entre autres. Des consultations seront menées visant à renforcer l’attractivité des industries culturelles et créatives auprès des jeunes et à augmenter l’autonomie des étudiants et artistes en améliorant leurs connaissances et leur compréhension des pratiques professionnelles du monde de l’art. L’objectif général de ce projet à trois volets sera de contribuer au développement de l’entreprise culturelle et des industries culturelles et créatives.

Ainsi, d’édition en édition, la Biennale de Dakar s’offre comme une plateforme de légitimation, de validation d’un discours artistique. Pour sa pérennité, au regard de sa notoriété croissante, la Biennale de Dakar doit se nourrir d’une exigence de qualité à tous les segments de l’organisation. C’est dire combien le défi est majeur mais exaltant à la fois.

C’est sur ces mots emplis de l’enthousiasme qui nous anime dans la préparation des différents projets de la quinzième édition que je voudrais, Mesdames et Messieurs, Chers invités, vous remercier de votre bien aimable attention.

Ancien palais de justice  de Dakar     

Cap Manuel, le 18 décembre 2023