Monsieur le Secrétaire général du Ministère de la Culture et du Patrimoine Historique, représentant le professeur Aliou Sow, Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique, empêché, 

Monsieur le Président du Comité d’orientation, 

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants du Corps diplomatique, 

Madame la Secrétaire générale de la Biennale de l’Art africain contemporain, 

Mesdames et Messieurs les membres du Comité d’orientation de la quinzième édition de la Biennale, 

Mesdames et Messieurs les Directeurs et chefs de services du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, 

Mesdames et Messieurs les Commissaires, 

Mesdames, Messieurs les Partenaires de la Biennale, 

Mesdames et Messieurs les membres de la communauté artistique et culturelle, 

Mesdames, Messieurs les journalistes, 

Mesdames, Messieurs, chers invités, chers amoureux de l’art,

Bienvenue à la présentation de la sélection des artistes et des temps forts de la 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain. C’est un honneur pour moi de me trouver devant vous aujourd’hui en tant que Directrice artistique de cette prochaine édition. Depuis mon enfance à Saint-Louis, ma vie à Dakar, mes études à Londres et mes dix ans de carrière internationale dans le commissariat de l’art contemporain, je ne peux vous dire mon émotion d’avoir l’opportunité aujourd’hui de proposer ma vision pour ce que je considère être l’un des événements les plus importants de la scène artistique mondiale : la Biennale de Dakar.

C’est donc avec sincérité que j’ai puisé dans mes propres souvenirs et tenté de tisser un fil conducteur, celui de l’éveil et du sillage. Au lendemain de la pandémie et au cœur d’une crise climatique et écologique, nous sentons une notion d’imminence et le goût amer de la fin d’un monde. La vie a beau avoir repris son cours, je veux croire que s’est éveillé et persiste dans le cœur de ma génération l’écho de quelque chose de pur et de puissant. Une peur salutaire, et la vision claire d’une métamorphose imminente : transformation personnelle, sociale, écologique, et économique, elle est aussi inéluctable qu’elle est impérative à notre présence collective au monde. A notre existence.

Nos artistes sont au cœur de cette métamorphose. Réunis à Dakar, ils donnent corps au monde nouveau en maniant le langage indicible des couleurs et des sentiments. Qu’ils nous éveillent, qu’ils nous emportent dans leur sillage, voici l’invitation que nous leur faisons.

Je remercie à cette occasion Madame le Secrétaire générale, les membres du Comité d’Orientation et Monsieur le Ministre de la Culture d’avoir accepté, validé et soutenu ce projet, je les remercie pour leur confiance.

Nous sommes heureux de vous présenter une sélection internationale de cinquante-huit artistes, un Grand-Témoin, et une programmation soigneusement élaborée qui incarne l’extraordinaire créativité africaine, la diversité des médiums, des techniques et des univers artistiques. Du dessin à la réalité virtuelle en passant par le son, la sculpture, ou encore la photographie, notre processus de sélection pour l’exposition internationale a été guidé par un engagement en faveur de l’inclusivité, à la recherche d’un équilibre qui transcende les frontières et célèbre la riche tapisserie des voix artistiques. Les artistes de la diaspora africaine portent leurs expériences d’Africains et d’Afrodescendants à travers le monde, et côtoieront les artistes qui vivent et travaillent sur le continent africain.

Le jury était composé de Messieurs Kalidou Kassé et Ousmane Mbaye membres du comité d’orientation, des trois commissaires invitées (Kara Blackmore, Marynet J et Cindy Olohou), et de moi-même. Face à un nombre record de près de 600 candidatures reçues, nous nous sommes attelés à cet exercice rendu extrêmement difficile par le nombre et la qualité des dossiers examinés, en nous mettant d’accord sur un certain nombre de critères, dans un processus transparent et rigoureux, qui nous a réuni des journées durant autour d’échanges et de débats profonds, animés, enrichissants.

En embrassant cette diversité dans la sélection, nous avons à cœur d’assurer un équilibre délicat entre les talents émergents, dont plusieurs artistes ayant peu exposé dans leur jeune carrière, et les visionnaires connus et reconnus comme la figure emblématique Wangechi Mutu, que je suis particulièrement honorée d’avoir comme grand témoin de cette édition. Cet équilibre reflète l’engagement de la Biennale à nourrir de nouvelles voix tout en honorant les contributions d’artistes chevronnés, favorisant ainsi un dialogue dynamique entre les générations et les trajectoires, dans le sillage de l’institution qu’est la Biennale de Dakar.

Ceci m’amène aux deux expositions hommages.

Il nous a paru essentiel de reconnaître l’influence profonde et l’héritage d’une artiste estimée qui laisse une marque indélébile sur l’histoire de l’art sénégalais. Germaine Anta Gaye, une sommité dans le domaine de l’art, a non seulement contribué de manière significative au paysage artistique et au genre du sous-verre, mais a également servi de mentor à de nombreux étudiants en art tout au long de sa carrière, grâce à son dévouement, sa générosité, et son engagement à former la prochaine génération d’artistes.

Nos cœurs sont également touchés par la perte récente d’un artiste dont la créativité a touché l’âme de nombreuses personnes. Mouhammadou Ndoye, dit Dout’s, qui était pour certains ici présents aujourd’hui un ami, a laissé un vide que nous ressentons tous vivement. Son talent et sa générosité ont non seulement enrichi la scène artistique, mais étaient également au cœur de liens durables au sein de la communauté artistique. En parcourant cette exposition hommage, nous revisiterons ensemble l’univers de Dout’s. Cet hommage contribuera, je le souhaite, à garder son esprit vivant.

La Biennale de Dakar est un phare pour les échanges artistiques internationaux, elle offre une fenêtre sur des questions mondiales urgentes, en fournissant une fusion unique de perspectives de nos artistes estimés depuis la ville vibrante de Dakar elle-même, et depuis le lieu extraordinaire et historique qu’est l’ancien Palais de Justice du Cap Manuel. Un lieu si extraordinaire qu’il nous inspire de grandes ambitions pour cette nouvelle édition. Au-delà de l’exposition internationale et de l’exposition du Grand Témoin, traditionnellement présentées dans ces murs, notre vision est d’en faire un véritable Tiers lieu. Un espace de vie, attractif pour un public varié, où l’on a envie d’être transporté par l’art mais aussi d’échanger, de faire des rencontres, de contempler et de rêver. C’est pour cette raison que l’Ancien Palais de Justice accueillera la majeure partie des expositions du IN.

Autour de ces contenus artistiques, des espaces de vie viendront compléter, et ancrer l’expérience des visiteurs, ainsi que plusieurs éléments de programmation :

  • Au coeur du Palais, un programme Publishing Practices dédié à l’étude des pratiques de l’édition, avec un espace actif de rencontre, de réflexion et d’étude des systèmes de production, de reproduction et de circulation des savoirs,
  • Ainsi qu’un espace dédié aux performances et aux tables rondes qui seront programmées ici en résonance et dans la continuité des matinées organisées au Musée des Civilisations Noires. 

Last but not least, j’ai grand plaisir à vous présenter l’exposition des commissaires invitées, intitulée « On s’arrêtera quand la Terre rugira », qui réunira les œuvres de dix artistes internationaux autour des questions urgentes liées à la crise écologique contemporaine. Cette crise, profondément inégalitaire, frappe de manière plus sévère les endroits et les populations qui en sont le moins responsables. Elle découle directement de plusieurs siècles de logique prédatrice, où l’humanité considère la Terre comme sa propriété.

Conçue et élaborée à partir de travaux de recherche artistique et académique des artistes-chercheuses et des collectifs exposés, cette exposition offrira aux visiteurs de la Biennale un parcours sensible qui les guidera à travers les ruines de la bétonisation de nos villes, les déforestations de nos régions côtières, l’érosion, les extractions, la toxicité, les monocultures intensives écocides, les déchets high-tech dispersés dans nos décharges.

Afin de projeter les visiteurs vers l’avenir à travers des imaginaires fédérateurs, l’exposition s’achèvera sur les voix portées par celles et ceux qui, entendant les rugissements de la Terre, œuvrent à remédier à ces injustices.

Autour de la thématique, et à travers les différentes expositions du IN, le travail de chaque artiste résonne avec le pouls de notre époque, offrant des réflexions sur des questions sociales, politiques et environnementales qui transcendent les frontières géographiques. Leurs créations incarnent un dialogue entre les cultures, une convergence de récits qui forment une tapisserie d’expériences humaines partagées.

L’ensemble de cette vision de l’édition 2024 ne pourrait être possible sans une étroite et chaleureuse collaboration avec les équipes du Secrétariat de la Biennale, et les équipe du Directeur technique, que je salue. Elle ne pourrait non plus être possible sans mon équipe curatoriale, commissaires scénographes et adjoints, que je remercie pour leur professionnalisme, et leur implication sans faille. Enfin je remercie toutes les personnes qui croient dans ce projet et le soutiennent, les parrains et les marraines qui m’entourent, qui nous ont ouvert des portes sans rien attendre en retour.

Alors que nous nous préparons à nous immerger dans cette grande manifestation, célébrons le pouvoir de l’art : celui de transcender les barrières et de jeter des ponts entre les mondes. Embrassons les histoires tissées par ces artistes et embarquons dans ce voyage transformateur.

Au-delà des expositions du IN, la Biennale s’étend, grâce au OFF à toute la ville, au pays, et au-delà. Elle s’étire également dans le temps, par le pouvoir unique de l’art sur les esprits, et sans oublier par l’impact économique de la Biennale, qui ne doit pas être sous-estimé.

Pour la jeunesse, pour le développement de l’économie culturelle et créative au Sénégal, nous lançons le projet Métiers d’Art Métiers d’Avenir, qui me tient particulièrement à cœur. A travers la mise en place de chantiers-écoles sur divers métiers impliqués dans la préparation de cette grande manifestation, à travers un axe de panels sur le marché de l’art, et à travers une série de consultations et de formations, nous nous efforcerons de prolonger la démarche d’un éveil, THE WAKE, et d’insuffler un élan transversal à tous les maillons d’une économie culturelle pleine de potentiel.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Salimata

Ancien palais de justice  de Dakar     

Cap Manuel le 18 décembre 2023